12 mai 2011

Récits

 

Martin Baron
Enseignant en histoire et géographie

 

Dans son cours « Histoire socioculturelle des peuples autochtones », Martin Baron a entrepris un projet particulier : publier les recherches des étudiants sur Wikipédia. Son objectif : trouver une activité pédagogique véritablement significative pour ses étudiants. Il comptait sur une activité plus motivante et plus concrète que la simple remise de travaux qui terminent la session sur une tablette ou dans le recyclage.

 

Contexte de la formation

Que font nos étudiants lorsque l’on donne un sujet de recherche? Ils font une recherche sur Google et sur Wikipédia.

À l’occasion du cours « Histoire socioculturelle des peuples autochtones », les étudiants avaient à faire une recherche sur les Algonquins. Or, à la grande surprise des étudiants, rien n’existait sur Wikipédia.

 

 

Mon cheminement à la session hiver 2011

Au début de la session d’hiver 2011, j’ai rencontré Marie-Josée Tondreau, notre conseillère pédagogique TIC, pour soumettre mon idée. Elle a accepté de me soutenir dans ce projet sans hésiter. Elle m’a conseillé pour la présentation des travaux. Il faut savoir que des articles publiés sur Wikipédia ne prennent pas la même forme que des travaux plus traditionnels.

J’ai par la suite annoncé à mes étudiants mon intention de publier le résultat de leur recherche sur Wikipédia à la fin de la session.

Toutefois, en considérant la qualité inégale des travaux, je n’ai pas jugé bon de faire la publication à la fin de cette session d’expérimentation.

Mon cheminement à la session d’automne 2011

Je suis retourné voir notre conseillère TIC pour renouveler le projet. Les étudiants ont accepté d’embarquer dans l’aventure sans trop savoir ce qui les attendait. Ils devaient produire une recherche synthèse d’une à deux pages à simple interligne sur un sujet très précis. L’avantage? Aucune recherche n’a été faite en surface. Les recherches ont été plus minutieuses et plus exigeantes. J’ai remarqué que les étudiants se sont davantage investis puisqu’ils savaient que le fruit de leurs démarches serait publié.

Le travail faisait partie d’un cheminement constant pendant la session (on pourrait utiliser le terme work in progress). Chaque partie du travail était évaluée par petit séminaire en cours de route (autocritique, évaluation de l’enseignant et évaluation des pairs). Ce fut vraiment très stimulant pour les étudiants et pour moi.

J’ai remarqué qu’en faisant régulièrement des révisions du travail, les possibilités de plagiat étaient écartées. De plus, les consignes d’édition d’article sur le site de Wikipédia étaient intégrées plus facilement par les étudiants.

À la fin de la session, Marie-Josée est venue nous aider pour publier les travaux des étudiants. Elle a soulevé la question du droit d’auteur pour les photos et images que les étudiants voulaient publier avec leurs textes. Certains étudiants ont dû faire des recherches supplémentaires de manière à respecter ces droits.

 

Lien entre motivation et réussite

Au début de la session, il m’a semblé que la motivation des étudiants était semblable à ce que j’observe habituellement. Mais plus la date de publication approchait (fin de la session), plus la motivation et la fébrilité étaient grandes.

Selon moi, les étudiants ont appris à critiquer les travaux des autres, mais aussi à s’autocritiquer. Ils se sont investis davantage dans leur production en raison des exigences plus spécifiques de recherche. Les rencontres fréquentes ont aussi eu un effet positif sur les étudiants; ils étaient mieux orientés et encadrés.

Le plus remarquable : un déclic s’est produit vers la fin de la session et les étudiants ont commencé à utiliser, par eux-mêmes et de façon régulière, le logiciel d’aide à la rédaction Antidote pour améliorer leur rédaction.

 

Une répercussion non prévue

 

Lors de la publication des travaux, les étudiants ont réalisé spontanément la richesse et les écueils associés à Wikipédia. L’action de publier un article sur un site collaboratif d’information, devant un groupe, était un moment de grande fébrilité. Petite anecdote : des étudiants ont contacté les membres de leur famille au moment de la mise en ligne. Les étudiants ont également constaté à quel point les informations peuvent être critiquées si les références d’un article ne sont pas inscrites. Sans l’avoir anticipé, ce projet a permis de développer l’esprit critique des étudiants face aux informations sur Internet.

 

Une expérience qui se renouvelle

À la première session, je n’ai pas fait de publication des articles, ce qui nous a laissé (aux étudiants et à moi-même) une impression du devoir inachevé. Lors de la session suivante, j’ai appris à « lâcher prise » devant la qualité parfois insatisfaisante de certains articles. Les étudiants sont responsables de leur production; ce sont eux qui assument les quelques imperfections. Dans un tel contexte, il faut accepter de publier leur production puisque les apprentissages se poursuivent au-delà de la remise finale.

Au cours des prochaines sessions, je prévois répéter l’expérience et amener les étudiants à ajouter et à modifier des données dans Wikipédia.

Je suis très heureux du résultat. Vous pouvez le constater, par vous-même à l’adresse suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/Algonquins

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Des ateliers Via en gestion en Abitibi-Témiscamingue

Marie-Josée Palin
enseignante, Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue

 

Le cégep de l’Abitibi-Temiscamingue dessert une clientèle au territoire étendu. La conseillère pédagogique Marie-Josée Tondreau en éprouve la réalité lorsqu’elle désire joindre un enseignant hors du campus de Rouyn-Noranda et qui serait à Val-d’Or ou Amos (pour les campus), Ville-Marie ou La Sarre (pour les centres de formation). Cette réalité concerne également l’enseignement régulier et la formation continue. Aussi l’offre de formation en ligne ne cesse d’augmenter et le réseautage social de s’étendre pour répondre aux besoins du milieu.

Contexte de la formation

Les ateliers de formation en ressources humaines que j’ai offerts ont  rendu un grand service à plusieurs entrepreneurs provenant de partout  en région. Ils étaient au rendez-vous un soir ou deux par semaine pour  des séances de 3 h 30.

Que ces gens puissent suivre une formation directement de la maison   ou de leur bureau est considérable! Ces professionnels ont des journées   de plus en plus chargées.

La formation en vidéoconférence lève d’autres obstacles. Le volume de   participants est souvent insuffisant dans notre contexte régional pour   que le Collège puisse offrir des formations sur mesure dans chaque   ville. Nous avons un très grand territoire à couvrir. La formation en   ligne est alors une solution.

Exploiter une plateforme d’enseignement synchrone : un défi pour les enseignants

L’impact d’un tel contexte pédagogique sur l’enseignement est réel et soulève des questions dont je n’ai pas encore les réponses:

  • Force-t-il à revoir nos méthodes de transmission des savoirs?
  • Comment doit-on s’y prendre?
  • Qu’advient-il des méthodes traditionnelles d’enseignement?
  • Comment évaluer les compétences acquises?
Mon cheminement dans l’univers virtuel

Mon aventure a commencé lorsque j’ai rencontré Mario Gonthier, conseiller pédagogique de la formation continue, à Val-d’Or. Nous avons discuté des contenus et du matériel de cours nécessaire. Nous cherchions à bien comprendre les attentes des participants.

Par la suite, Marie-Josée Tondreau, conseillère pédagogique TIC au Collège, m’a présenté les outils Internet disponibles et nous avons retenu la plateforme d’enseignement VIA1. Marie-Josée m’a donné une formation et des suggestions de stratégies pédagogiques pour la formation en ligne. Les étudiants peuvent avoir tendance à croire qu’ils sont devant la télé, et qu’ils n’ont qu’à écouter passivement la formation. C’est loin d’être le cas!

Le soutien technique aux premiers cours

J’ai amorcé ma première formation avec une classe de 24 étudiants2. J’ai utilisé plusieurs outils pour inciter ceux-ci à participer : le tableau blanc, les outils d’annotation pour les remue-méninges, la présentation de vidéos, des liens Internet, le dépôt de documents, le courriel interne et les sondages. La formation s’est faite sans anicroche. La participation des étudiants a été surprenante!

Le soutien technique aux participants a été pris en charge par Marie-Josée Tondreau. Marie-Josée nous a offert son accompagnement pour les trois premières formations, ce qui a été rassurant pour nous. Les participants doivent vérifier la qualité de leur communication Internet dans Via ainsi que l’accès aux documents d’atelier. Pendant ce temps, je peux réviser le parcours et les objets d’étude du cours en gardant bien en tête mes stratégies pédagogiques.

Les expériences des cours subséquents

Comme l’expérience de la première séance de cours fut concluante, nous avons décidé, Marie-Josée et moi, de tenter d’autres expériences.

Nous avons créé des équipes. Les outils de collaboration de la plateforme VIA ont permis aux étudiants de réaliser un travail en commun que le délégué, choisi par l’équipe, a présenté à la classe. Cette expérience fut très stimulante. Je pouvais intervenir durant le travail de chacun de ces groupes. La collaboration des étudiants fut fantastique.

La gestion des groupes ne s’est toutefois pas faite sans peine. Au début, il a fallu que je réagisse rapidement aux effets des absences! D’ailleurs, plusieurs de ces absences étaient liées à des problèmes d’inscription. Je devais absolument m’assurer que personne n’était privé du travail d’équipe et ne travaillait isolément. Tous devaient pouvoir profiter des échanges. Il est donc essentiel de s’assurer que la liste des inscrits soit fidèle.

L’absentéisme a été toutefois un problème. Il a même semblé augmenter, comparativement à un enseignement traditionnel. Nous nous sommes penchées sur la question, Marie-Josée et moi. Et nous avons fait le constat que cela ne provenait pas de contenus de cours (jugés intéressants) ni d’un manque de dynamisme (activités et interactions suffisantes). Les étudiants présents au cours nous disaient que le cours était vraiment agréable. Alors, il a fallu chercher une autre cause…

L’effet pernicieux du mode revoir

« Pourquoi me présenter à une formation si je peux la revoir quand je veux? »

Ce commentaire nous a mis sur la piste. Nous étions bien informées des pièges de cette fonctionnalité de Via et des mesures à prendre.

J’ai alors rencontré mes étudiants, virtuellement, bien sûr. J’ai fait valoir pourquoi la participation et le travail en commun étaient essentiels. L’usage du mode revoir ne doit être qu’un outil de révision. Ce n’est pas un cours sur vidéo que l’on désire offrir. Ces stratégies ont fort heureusement contribué à la diminution du nombre d’absents.

Une expérience qui se renouvelle

Nous avons repris la formation en ligne en octobre. Je suis très heureuse de voir que je suis moins stressée et beaucoup plus fébrile de recommencer. Notre préparation est plus adéquate et nos étudiants sont mieux préparés dès la première formation. Marie-Josée continue toujours son soutien avec mes étudiants et moi. Comment refuser d’embarquer dans cette belle aventure?

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